Dans les métiers de l’accompagnement comme le coaching, le bilan de compétences, …, nous entendons souvent : « oui mais vous comprenez je ne peux pas y arriver car je n’ai pas confiance en moi et puis je ne sais pas ce que je vaux… »
Admettons que la culture du travail à la française peut progresser dans l’expression de la reconnaissance, dans l’intégration de l’échec/l’erreur comme une expérience à valoriser, plutôt que quelque chose à éviter. Mais admettons aussi que le progrès pourrait aussi se situer dans l’accueil du compliment. En effet il n’est pas rare que, à une marque de reconnaissance, la réponse soit : « oh tu sais, je n’ai fait que mon travail… ». Et même si c’est vrai, accueillir un compliment ou l’exprimer est une COMPÉTENCE qui va faciliter la conquête ou le développement de l’estime de soi.
Marque de reconnaissance, acceptation de l’échec, estime de soi… mais quel est donc le lien avec nos besoins ? Je vais y venir, mais permettez-moi de rappeler tout d’abord quelques éléments de contexte. La société de consommation, la course à la performance, les injonctions de perfection créent un environnement saturé d’envies (envie d’une belle voiture très puissante, envie d’enfants parfaits, envie d’un super poste, envie d’avoir le dernier téléphone, la dernière console, envie de se sentir Superman ou Wonderwoman …) qui nous coupent de nos besoins fondamentaux. Mais de quoi parle-t-on ? Ses besoins fondamentaux s’ils sont respectés vont avoir une incidence directe et extrêmement positive sur l’estime de soi !
Les besoins fondamentaux selon Abraham MASLOW
Abraham Maslow a été le premier a parlé des besoins fondamentaux. Il les a même catégorisé : des besoins très concrets (se nourrir, dormir, boire, se sentir en sécurité) à des besoins plus abstraits (l’amitié, la famille, la réussite, la confiance, le respect des autres….). Ce que Maslow nous dit, c’est qu’il va nous être bien difficile de nourrir le besoin de réussite (plus haut dans la hiérarchie) si, au préalable, nous n’avons pas pris la peine de nous occuper d’autres besoins essentiels comme se nourrir, se reposer, se soigner… qui contribueront à créer les conditions favorables à la réussite par exemple. Il est important de préciser que la hiérarchie que propose Maslow n’est pas universelle, car nos priorités et notre hiérarchie de besoins sont interconnectées à notre contexte, notre période de vie.
Quelles que soient les priorités et l’organisation hiérarchique individuelle de nos besoins, en prendre conscience et mettre en place des actions régulières procurant de la satisfaction pour y répondre, auront un effet positif sur votre corps et votre cerveau. Votre estime de soi s’en trouvera considérablement « boostée ».
Quand on engage un processus de changement dans sa vie professionnelle, quel qu’en soit l’ampleur, la réussite de ce processus et le stress qu’il peut faire émerger seront d’autant mieux maitrisés que vous aurez soigné vos besoins fondamentaux.
L’exploration de ses besoins
Dans la majorité de mes accompagnements en bilan de compétences, je constate que les tensions ressenties dans une situation de travail vécue, les freins à amorcer le changement exprimé comme nécessaire sont bien souvent levés quand nous faisons un travail autour des besoins. En quoi consistera ce travail ?
Pour nous coach, aider nos clients à conscientiser leurs besoins est absolument essentiel car vous l’avez maintenant compris ils sont un élément clé de notre construction identitaire. De plus, travailler avec le client les plans d’actions qui lui permettront de nourrir ses besoins fondamentaux puis d’en reconnaitre les effets, aura pour bénéfice que le client renouera progressivement avec ses capacités et ressources pour se mettre en mouvement. Et « cerise sur le gâteau », le client appréciera qu’il soit capable d’entrer en action seul.
Vous voyez où je veux en venir, n’est-ce pas ? Quand peu à peu chacun se sent « capable de … » alors ce sentiment de capacité va amener à élargir le champ d’actions accessibles et contribuer à développer la confiance en soi. Ce n’est pas tout ! En développant cette confiance, et donc en se sentant en capacité, les échecs ne seront alors qu’une étape (positive car pleine d’apprentissage) dans un processus de réussite.
Prendre soin de nos besoins fondamentaux
Tout cela est si favorable et positif, que l’on peut se demander pourquoi il est si difficile d’identifier, de conscientiser, et de prendre soin de nos besoins… Je vous ai cité plus haut quelques éléments de contexte social, mais il est important de souligner que dans notre éducation l’expression de certains besoins (pas les « envies », c’est différent !) ont été qualifiés de caprices. Nous nous sommes forgés des représentations tout au long de notre vie qui nous amènent à ne pas nous autoriser à être attentif à ce qui nous fait du bien dans le sens du ressourcement physique et psychique.
Or, il apparait aujourd’hui que pour faire face aux rythmes soutenus, aux injonctions de performance, aux changements quasi chroniques, une de nos meilleures alliées va être notre capacité à prendre soin de nos besoins fondamentaux pour régulièrement recharger nos sources de motivations et d’énergie. C’est aussi ce qui explique que beaucoup de personnes ont trouvé, lors du premier confinement de nombreuses sources de satisfactions. Dans cet « enfermement », le temps disponible a créé des espaces de réflexion qui ont permis à beaucoup de prendre conscience de ce qui leur faisait du bien.
Un petit exemple
Je conclurai cet article par un exemple concret : une personne experte dans son métier et reconnue comme telle, se voit confier le management d’une équipe sans être accompagnée dans cette prise de responsabilité et se retrouve très rapidement en grande difficulté à la fois dans son métier (malgré son niveau d’expertise et de compétence), et dans son management ; en travaillant l’exploration de ses besoins elle met le doigt sur son besoin de sécurité et de maitrise de ses savoir-faire et cela passe, pour elle, par un besoin de se former pour se sentir « accréditée» à mettre en œuvre de nouvelles compétences. Une fois ceci exprimé, elle a fait la demande d’une formation pour ainsi développer la sérénité et la sécurité dont elle avait besoin pour aborder et prendre en charge ses responsabilités managériales.
Je terminerai par la reprise de cette phrase lourde de sens : « dis-moi comment tu nourris tes besoins et je te dirai combien tu t’estimes ! »